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Les Echos Entrepreneurs

Mai 2023

Marie Boudard, entrepreneuse dyscalculique, témoigne pour sensibiliser les entreprises à la diversité des talents.  

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Quand on est chef d’entreprise, caler un rendez-vous fait partie du quotidien. Mais pour Marie Boudard, c’est un semblant de défi. Encore plus quand il s’agit de parler à son banquier. Ou d’envoyer un devis à son client.

Cette coach à la tête de « Bien sûr que oui » n’est pourtant pas une timide maladive. Ouverte, énergique, pro dans son discours, rationnelle, créative… l’entrepreneuse de 55 ans est aussi dyscalculique. Une « étiquette » qui ne suffit pas à l’identifier, à la résumer, mais qui pourtant lui colle à la peau et aux neurones. « La dyscalculie ne me définit pas mais elle m’impacte ! » lance Marie Boudard, comme un défi.

7 millions de personnes affectées par des troubles DYS

La dyscalculie, quèsaco ? C’est un trouble de la même famille que la dyslexie. Si cette dernière concerne les lettres et les mots, la dyscalculie touche les nombres et désigne l’incapacité à acquérir et à maîtriser tout ce qui touche aux chiffres, aux calculs et aux valeurs numériques.

Les troubles « DYS » (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie…) touchent près de 7 millions de personnes en France, soit environ 7 % de la population selon la FFDYS. La dyscalculie toucherait, à des degrés divers, 6 % des enfants. « Le cerveau n’analyse pas les données chiffrées, logiques, et de temporalité de la même manière, témoigne Marie Boudard. Et cela s’accroît encore quand il y a du stress, de l’émotion. Par exemple, je me suis trompée d’une heure pour notre rendez-vous ! »

Cette dyscalculie n’a pas empêché Marie Boudard de construire une belle carrière, essentiellement comme assistante de direction en France et à l’étranger, pour des organismes nationaux et internationaux, comme l’ONU et la Commission Européenne.

Au tournant de la cinquantaine, elle se lance un nouveau défi. Marie Boudard devient coach professionnel, formatrice et accompagnatrice dans la formation de jeunes, adultes, futurs retraités, hauts et multipotentiels. « Mon vrai métier, lance-t-elle, c’est le rebond professionnel ! »

« Nulle en maths »

Marie Boudard n’a jamais passé de test pour se faire diagnostiquer, « trop long, trop douloureux psychologiquement » selon elle. Mais elle sait qu’elle a cette particularité. « Je sais que je suis nulle en maths depuis toute petite, bien sûr. Mais c’est seulement il y a quelques années, quand ma fille a rencontré des signes de « dys » que je me suis penchée sur le sujet. Généralement, on trouve plusieurs « dys » dans une famille. C’est là que j’ai compris que je n’étais pas nulle en maths, mais bien dyscalculique. »

Tout au long de sa scolarité, de ses études, puis de sa carrière, Marie Boudard a développé des stratégies à la fois pour compenser et dissimuler son problème. « Même dans le contexte familial, il faut rester vigilant. Par exemple, lors d’un jeu de société, je ne sais pas compter les points. Pour faire face, je réagis par l’humour. Mais des dyscalculiques peuvent tomber dans l’agressivité. »

Pour composer avec la dyscalculie, Marie souligne qu’il faut déjà en être conscient. « Bien entourée, cette particularité peut donner des ailes. Quand une « dys » est subie, on reste dans l’empêchement de faire, dans le handicap. Moi, pendant des années, j’ai dû dissimuler et compenser autrement. »

Comme souvent, cela s’accompagne d’autres compétences. Dans le cas de Marie, ce fut les langues. Dès l’adolescence, elle apprend plusieurs langues, comme le suédois, le russe, au point d’en faire l’axe d’une grande partie de sa vie professionnelle.

De la banque aux clients, un défi quotidien

Durant sa carrière, Marie Boudard ne s’est jamais présentée comme « nulle en maths ». Mais, pour donner le change, c’était une lutte quotidienne. « Dans une grande structure, je devais déclarer mes rendez-vous, mes déplacements, dans un logiciel et à chaque fois, c’était une épreuve, ce qui a pu générer des conflits… et des douleurs physiques. »

Devenue microentrepreneur, son quotidien est différent, mais pas plus simple. « Tout me prend plus de temps qu’aux autres. Et donc je gagne fort mal mon argent ! » Pour ses tâches de comptabilité, n’ayant pas les moyens de faire appel à un expert-comptable, Marie Boudard avoue travailler sans relâche, notamment le week-end. « Tout repose sur ma capacité à me faire aider, ce qui implique beaucoup d’humilité. Quelqu’un de mon entourage m’aide et je l’aide en retour. »

Côté banque, bien sûr, la tâche est ardue. « C’est encore plus dur car à ma dyscalculie s’ajoute la peur. Un simple rendez-vous à la banque peut devenir un cauchemar absolu, mon coeur bat, la douleur devient physique. Je ne comprends pas les données chiffrées, je peux être capable de noter un autre chiffre que celui qu’on me dicte. » Marie Boudard a donc connu des clashs avant de rencontrer sa banquière actuelle, à l’écoute.

Coté client, la situation est aussi délicate. « Je suis très douée en coaching pro, mais présenter mon offre, un devis, faire une facture, ça reste compliqué. Pour le moment, je réalise essentiellement des coachings vers des particuliers et je suis une formation dans une école de coaching. Cela m’aide à m’accrocher à mes points forts et à mettre en place une stratégie. »

Très à l’aise à l’oral, Marie Boudard, cela se sent, possède un réel talent commercial, doublé de belles qualités humaines. « J’ai compris que démarcher des clients pros serait difficile, car je suis nulle pour parler tarif et je me fais sous-payer. Je vais donc m’appuyer sur des partenaires, m’accoler sur l’offre d’autres professionnels. J’ai pour cela intégré le réseau Merci Bobby (NDLR : une plate-forme d’aide et d’accompagnement à l’orientation). La dyscalculie me rend ultra-sociale ! »

Témoigner pour promouvoir la diversité des talents

La dyscalculie, ça se soigne ? Non, pas à coups de tables de multiplication en tout cas. Mais ça se compense. De nombreuses prises en charge existent. Pour faire face à ces situations, Marie Boudard a mis en place au fil des années des stratégies. En premier lieu des techniques de respiration, de sophrologie, qui aident énormément à canaliser la tension et à ne pas perdre le fil. Car la gestion des émotions est essentielle.

Elle sait aussi que le réseau et l’humain sont primordiaux. Grâce à son école de formation, elle a rencontré un professeur de maths qui, de son côté, a des problèmes avec les langues. « Il va m’enseigner les divisions… en anglais. C’est ma langue plaisir et cela permettra peut-être de débloquer des choses. »

Les nouvelles technologies peuvent aussi être des atouts précieux. « Je suis intuitive, j’aime tester de nouvelles choses et les applis hyper intuitives m’aident beaucoup. Elles me permettent de faire les choses à mon rythme, à me préparer à des rendez-vous de manière plus efficace, à corriger mes erreurs. L’appli de l’Urssaf m’aide par exemple à ne pas oublier les dates, les alertes paiement et déclarations. J’ai également deux agendas, papier et électronique… et je me fais relire. »

Malgré son quotidien compliqué, Marie Boudard a appris à apprivoiser sa dyscalculie et entreprend sa nouvelle vie de cheffe d’entreprise avec enthousiasme. Pour témoigner de son trouble DYS, elle n’a pas hésité : « Les entreprises auraient tout à gagner en s’ouvrant aux personnes DYS, car elles peuvent apporter autre chose, d’autres talents. C’est pour cela que je témoigne, pour éveiller le monde du travail. »

les echos marie boudard

Lire sur Les Échos Entrepreneurs

ICI La Rochelle - Extrait de l'Émission "Prenons le temps"

Novembre 2024

Marie Boudard est « l’invitée surprise » de la fondatrice de Pas de Gâchis entre nous.

Prenons le temps

par Marie Boudard et Floriane Chauvière

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[Journaliste]

Je vous invite à prendre le temps, le magazine des gens d’ici, le créateur à Nieul Sur Mer de la société Pas de Gachi entre nous, cette structure anti-gaspillage. A ce moment de l’émission Floriane, vous avez carte blanche au téléphone, et qui avez-vous choisi d’appeler maintenant ?

[Floriane]

J’ai choisi d’appeler Marie Boudard, qui est entrepreneuse à La Rochelle, ancienne collègue, devenue une amie.

[Journaliste]

Ah, vous étiez dans l’industrie alimentaire ?

[Floriane]

À cette époque, je ne travaillais pas dans le secteur alimentaire, mais nous étions collègues.

[Journaliste]

J’ai eu beaucoup de vie. Marie, vous nous entendez ?

[Marie]

Oui, je vous entends, bonjour.

[Journaliste]

Bonjour Marie, bienvenue.

[Marie]

Merci Floriane.

[Journaliste]

Alors, parlez-nous un peu du début de votre histoire, tous les deux.

[Floriane]

Tu veux commencer, Marie ?

[Marie]

Si tu veux, Floriane, je commence. Alors, je suis Charentaise maritime et j’habite à La Rochelle. Floriane et moi, avons travaillées quelques mois dans la même entreprise.

Nous l’avons quittée toutes les deux. Floriane a continué son chemin professionnel et moi aussi en fondant mon cabinet d’accompagnement et de coaching qui s’appelle Bien sûr que oui. Floriane m’a recontacté à une époque de sa vie professionnelle qui était assez compliquée. Elle m’a dit qu’elle voulait réfléchir à une évolution professionnelle car elle pensait que sa vie professionnelle n’avait aucun sens et qu’elle en recherchait un. Floriane, tu veux continuer ?

[Floriane]

Oui, c’est exactement ça. C’est juste la vérité. J’étais vraiment face à un mur et je ne trouvais pas ma place.

Et j’ai appelé Marie et on a commencé cet accompagnement et ça a vraiment été une révélation.

[Journaliste]

Donc, il y a eu un double déclic, un malaise dans le monde de l’entreprise, le fait de devenir maman aussi, tout ça a joué. Et les conseils de Marie Boudard ?

[Floriane]

Exactement, tous les conseils, l’accompagnement très riche et j’ai pu apprendre beaucoup de choses sur moi-même que je savais certainement au fond, mais que je ne voulais peut-être pas admettre. Des choses très surprenantes. Et je me suis dit, j’ai toute ma place en tant qu’entrepreneure alors que je l’ignorais totalement avant.

[Marie]

Je peux répondre à ça, mais en fait, Floriane, parce que le sujet, c’est trouver sa place dans le monde professionnel. Et moi, aujourd’hui, mon métier c’est d’accompagner des personnes et des entreprises qui voudraient changer quelque chose dans leur vie professionnelle. Et je suis un coach pro, mais un peu atypique.

Et cette atypicité réside dans le fait que j’accompagne des gens de tous âges, des jeunes dans le domaine de l’orientation, mais aussi des adultes comme Floriane. Et surtout, ils réfléchissent au sens qu’ils donnent à leur travail. Cela va beaucoup parler à Floriane, pour peut-être rebondir sur les mots sensibilité et quête de sens.

[Floriane]

Oui, j’en ai parlé tout à l’heure. C’est vrai que la quête de sens, de monter un projet qui a du sens, qui est lié à mes valeurs, où je n’ai pas vraiment l’impression de travailler, en fait. Où il s’agit de moi. Et d’avoir découvert tout ça grâce au travail de Marie, ça a été une libération, de continuer, d’avancer comme ça, c’est génial.

[Marie]

Floriane, merci de m’avoir fait confiance. Et bien, Floriane avait déjà un projet professionnel. Il était là, il était très impliqué. Et ensemble, en fait, on a exploré, et c’est ça mon rôle de coach professionnel, c’est d’explorer, comme je l’ai dit, avec des gens très jeunes, ou des gens de tous âges, ce que j’appelle le terreau humain.

C’est-à-dire que c’est vraiment le début de l’histoire, souvent, comme pour toi Floriane, l’idée c’était de savoir quel est ton terreau personnel, de mieux te connaître, d’avoir tes propres forces, tes qualités. C’est-à-dire que souvent ce dont on parle c’est de cette zone d’humanité qu’on a tous, et qu’on a tellement de mal à se reconnaître, alors que c’est là que se trouve notre zone d’excellence. Et donc, mon travail, et ce qui était magique avec Floriane, c’était de faire cette exploration ensemble, c’est-à-dire d’aller aider la personne, l’accompagner à voir cette zone d’excellence qu’elle a, qui lui est propre, et d’une certaine manière c’est cette zone de bonheur professionnel, c’est ce que Floriane disait, c’est travailler en aimant ce que l’on fait.

[Journaliste]

C’est ça la difficulté quand on donne la parole à un coach professionnel, c’est qu’il ne vous donne pas la parole.

[Marie]

Je la lui donne, je la lui donne !

[Journaliste]

Merci en tout cas pour ce témoignage.

[Floriane]

Merci Marie.

[Journaliste]

Prenons le temps d’un instant, toujours, avec la créatrice de cette entreprise Pas de gaspi entre nous, à Nieul Sur Mer.

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